Mireille MARTIN est venue à la peinture après avoir réalisé des carnets d’artistes, dans lesquels elle découpait aux ciseaux des formes géométriques. Fascinée par l’abbaye de Fontevraud et sa magie en noir et blanc, elle a délibérément orienté son œuvre peint vers le choix de figures épurées en « non-couleurs » fondamentales, qu’elle décline inlassablement dans ses «Allers-Retours», opposition des contraires.

           Attirée par l’Expressionnisme abstrait, l’artiste travaille dans l’esprit de l’Abstraction géométrique. Apparue dans le premier quart du XXè siècle, celle-ci retrouve aujourd’hui une vigueur exceptionnelle grâce à des peintres tels que Mireille MARTIN, dont l’art est basé sur la combinaison et la variation de formes abstraites. L’assemblage d’éléments bien construits et d’une simplicité radicale lui permet de morceler l’espace et de le mettre en valeur par des aplats noirs et blancs, en jouant sur l’orthogonalité et la diagonale. Au-delà de la simple représentation mathématique rigoureuse, avec une extrême sobriété et une grande économie de moyens, elle nous démontre - tant dans ses acryliques que dans ses encres de chine - sa capacité à créer la perfection formelle par des équilibres remarquables et de simples contrastes de non-couleurs.

         Elle affirme sa conception de l’art : « La géométrie a toujours été pour moi source de poésie et prétexte à m'évader ». Ses voyages en Chine ont également été déterminants dans son parcours artistique très marqué par la philosophie chinoise. Sa démarche est pour elle autant une réflexion esthétique qu’une véritable méditation picturale. Mireille Martin impose un style dont se dégagent un rythme, un dynamisme et une harmonie parfaite, sans cesse renouvelés.

                                                    Francine BUNEL-MALRAS, Historienne de l'Art

            Mireille Martin took to painting after keeping sketchbooks, in which she would cut out geometric shapes with scissors. Fascinated by the Abbey of Fontevraud and the magic of its black and white stone, she intentionally oriented her own painting style toward opting for stark motifs and basic “non-colours”, which she tirelessly explores in her series “Allers-Retours” (“Comings and Goings”) by opposing contrasts.

             Drawn to Abstract Expressionism, the artist works in the spirit of Geometric Abstraction. Originating in the first quarter of the 20th century, the movement is currently witnessing a remarkable revival thanks to painters such as Mireille Martin, whose art is based on combining and diversifying abstract shapes. Assembling well constructed and radically simple elements allows her to divide and to accentuate space with black and white solid fills, whilst simultaneously playing on right angles and the diagonal line. Going beyond merely a strict mathematical representation, she demonstrates with extreme sobriety and very sparing means (in both her acrylic and Indian ink paintings) her ability to create formal perfection through astonishing plays of balance and simple contrasts of non-colours.

             She describes her conception of art as follows: “For me, geometry has always been a source of poetry and a pretext for escape.” Her trips to China have also been decisive in her artistic career, which is very marked by Chinese philosophy. Her approach is as much an aesthetic reflection as a genuine pictorial meditation. Mireille Martin conveys a style that exudes rhythm, energy and harmonious perfection in ever-renewed forms.

                                                                       Francine BUNEL-MALRAS, Historian of Art

 


        MIREILLE,ALLER ET RETOUR

          Si on demande à Mireille Martin"D'où vient tout cela ?"...Elle part dans un long récit qui se déroule à partir d'un cahier de Math,celui de la classe de troisième: "La professeur était une sorte d'esthète."En effet, elle exigeait que les figures soient effectuées sur du papier à dessin puis collées à côté du devoir. Un cahier soigné,aimé,perdu.

        Il y a aussi, bien plus tard,la rencontre avec Fontevraud,ce lieu en noir et blanc avec ses couloirs rectilignes dallés de carrés.l'endroit fascine Mireille;elle y reviendra souvent.Multiplications des visites . Allers et retours.

Lors d'une visite , on remet un petit livre dont la mise en page l'interpelle: une seule image par page,de petite taille, contenue dans un carré situé au centre de la page,et un seul mot, pour décrire la vie des moniales et celles des détenus. passé le milieu du livre, les images apparaissent à l'envers, car en effet,le livre est réversible,offrant selon l'abord,des scènes de la vie au couvent,ou des scènes de la vie en prison.

          Les images, tout comme le texte du petit livre abolissent plus qu'elles ne soulignent les différences. Le pain quotidien des uns ne diffère en rien du pain quotidien des autres,les uns rêvent, et les autres rêvent aussi.Les cellules sont des cellules.

         Ce curieux miroir semble concentrer dans le seul geste du retournement du livre,le détournement de ce lieu.On est bien dans l'abstraction...

         Mireille raconte qu'elle se saisit de ciseaux et découpe les carrés, geste premier d'une démarche abstraite. Tandis que les images tombent,les carrés restent comme autant de fenêtre sur des objets encore plus épurés,plus secrets.Elle commence à peindre,à même le petit livre,des à-plats noirs ou blancs,à partir des carrés.

         Autant de noir que de blanc,exactement,elle le veut ainsi.On peut voir dans cette exigence l'ombre de la Règle ou de règlement,un souci d'ordre,de rigueur mathématique?

        Mireille, elle, parle d'harmonie,de calme,d'équilibre,et de sérénité.

Annette Pharamond

                  MIREILLE BACK AND FORTH ...

      I f  you ask Mireille Martin "where does all this come from ?" , she gets into a long story that starts with a High School Math notebook.The teacher was concerned with aesthetics and requested the figures to be drawn separately on drawing paper and then glued next to the solution. A notebook that she once cherished but wich got lost later on.

          She also tells of the encounter , much later , with the Abbey of Fontevraud , a place  quite in black and white with straight corridors and  square tiles. The place fascinates Mireille. She will go back there a number of times. Multiplication of her visits. Back and forth.

          At the bookstore of the Abbey , Mireille finds a little book that attracts  her attention. One single image per page ..and one single word describing one aspect of the life of the nuns  or that of inmates, when Fontevraud had become a jail. Past the middle page , the image of the reversible book appear upsiide down.

          Interestingly, both images and text abolish differences rather than emphasize them. The daily bread is the same for all. Nuns dream,immates do too. Cells are cells... The interest of the ultimately dull little book seems to reside in the gesture of flipping it whichworks as an imageless metaphor for the highjacking of the place. We have entered a world of abstraction. Haven't we ?

          Mireille then grabs a pair of scissors and starts cutting out all of the illustrations. The first gesture ,Iwould say , of her abstract ebdeavour. As the images fall , the suares remain like as many windows on even more secret..untold..objects. She then engages in painting on the book itself either black nor white surfaces, starting from "absent" squares.

          She paints exactly as much black as white. She wants it so. A tribute to mathematical rigor or to the peaceful architecture of the Abbey ...?

         Mireille stresses harmony , balance and serenity .